9/10South Park

/ Critique - écrit par iscarioth, le 13/10/2005
Notre verdict : 9/10 - Ca **** le *** ! (Fiche technique)

Tags : south park saison stone episode parker comedy

Ca **** le *** !

South Park est une série animée américaine, créée par Trey Parker et Matt Stone en 1995. La première saison démarre en 1997 et est diffusée sur le réseau Comedy Central. En France, la série apparaît pour la première fois en juillet 1998 sur Canal Plus, à une époque défunte où la chaîne cryptée était la reine de l'impertinence. Depuis 2002, la série est retransmise sur la chaîne câblée Comédie !.

Un peu d'histoire !

En 1994, Matt Stone joue dans le premier long-métrage écrit et dirigé par son ami Trey Paker : Cannibal the Musical. Cette petite autoproduction attire l'attention de l'un des futurs grands dirigeants de FoxLab : Brian Graden. Ce dernier a l'idée de confier aux deux compères la réalisation d'une carte de voeux sous forme de cassette vidéo pour Noël 1995. Parker et Stone réalisent « The Spirit of Christmas », qui préfigure à South Park, dans lequel quatre gamins se disputent pour savoir si c'est le Père Noël ou Jésus que l'on doit fêter le 25 décembre. Cette cassette vidéo fait fureur du côté d'Hollywood. De grandes personnalités comme George Clooney (qui en a fait 150 copies !) en font l'éloge. Le dessin animé remporte même le Los Angeles Film Critics Award du meilleur film d'animation. Propulsés par ce succès, Parker et Stone enchaînent sur la série South Park qui fait ses débuts sur le réseau câblé Comedy Central en 1997. La série brise les records d'audience de la chaîne et est plusieurs fois citée aux Emmy Awards...

Un scandale !

A son apparition aux Etats-Unis comme en France, South Park a défrayé la chronique, provoqué le scandale. Le ton très cru et vulgaire de la série d'animation, que l'on aurait pu croire destinée aux enfants, a beaucoup choqué. Des personnalités américaines accusent la série d'être responsable du déclin de la jeunesse états-unienne. La fondatrice de Action for Children's television déclare que la série dessin animé est un « danger pour la démocratie », le principal d'une école du Kentucky interdit dans son école les produits dérivés de South Park. Et ne parlons pas de la réaction du clergé... En France, le rejet n'est pas moins virulent. « Profondément débile et gratuitement ordurier » peut on lire dans l'Express de Juillet 1998. Alors que l'on dit la série réservée à un public adulte, South Park cartonne dans les collèges et lycées. Fin des années quatre-vingt-dix, les produits dérivés s'arrachent : coffrets vidéo, t-shirts, mugs, posters, serviettes, bonnets, casquettes, aimants pour frigo... En moins d'un an de diffusion aux Etats-Unis, la vente de t-shirt rapporte à elle seule trente millions de dollars.

Juste vulgaire ?

Pourquoi tout ce remue ménage ? Difficile de croire qu'une série crée une déferlante internationale juste pour quelques gros mots... Ce qui a en fait toujours dérangé dans South Park, c'est que la série ne se donne strictement aucune limite. On peut même dire qu'elle brise les tabous et casse complètement le modèle de grandeur américain. Toujours avec un cynisme et un non sens poussés à l'extrême, on touche à des thèmes brûlants comme l'homosexualité, la pédophilie, le racisme, l'antisémitisme et la pauvreté. Jamais sans apitoiement ni moralisme, mais avec un humour noir, cruel et dévastateur... Une promesse au scandale et à l'indignation auprès d'un public conservateur et politiquement correct. Ceux qui ne connaissent South Park que de réputation ou qui n'ont entrevu que de brefs passages à l'humour scatophile pensent que la série, vide de sens, n'est qu'un amas de vulgarités sans buts. En se plongeant plus longuement dans la série, on comprend en fait comment celle-ci fait frémir par ses critiques très acerbes sur la société. Ce n'est pas pour rien que Michael Moore à repris « American History », le court métrage d'animation sur l'histoire américaine réalisé par le duo Stone-Parker, dans son long métrage Bowling for Columbine.

Les personnages


A l'instar d'un dessin animé comme les Simpson, South Park nous présente une communauté d'habitants, avec le maire, l'agent de police, l'école primaire, des enfants, leurs parents, etc... Les héros de South Park se comptent principalement au nombre de quatre. Le plus populaire, sans aucun doute, est aussi le plus détestable, il s'agit du gros Eric Cartman. Le plus grossier de tous, il est caractériel, capricieux, haineux, raciste et bien capable de vous faire manger vos parents broyés et mélangés à du chilicon carne si vous le contrariez trop (saison 5). Sa mère, ultraprotectrice et lui passant tous ses caprices avec une voix mielleuse est une nymphomane doublée d'une folle.

Il y a ensuite Kyle, un enfant juif très sensible sans cesse pris à parti par l'antisémite Cartman et se défendant de lui en le traitant de gros, ce qui donne lieu à de grandes joutes verbales entre les deux personnages dans presque chaque épisode (« J'suis pas gros, connard de juif, j'ai une ossature lourde ! »). Kenny est aussi un personnage très populaire (le plus présent sur les T-shirts, floqués d'un « oh my god, they killed Kenny ! »). C'est certainement le gamin le plus énigmatique et non-sensique de la série. Il meurt à chacun des épisodes : écrasé par une voiture, un train, abattu au fusil, poignardé, brûlé... et finalement le cadavre dévoré par les rats... A noter que Kenny meurt « définitivement » fin de la saison 5 pour revenir saison 7... Kenny ne parle pas distinctement, sa voix est étouffée par son anorak qui lui couvre le visage, que l'on ne voit jamais. Pour finir, Stan, que l'on présente comme le petit chef de la bande, est en fait le plus « normal » et donc le plus transparent de la série.

American life

South Park se présente souvent comme une satire des séries moralisatrices américaines (telles 7 à la maison) mais n'est pas dénué de messages, toujours indirects et sous entendus mais réellement puissants. A la fin de beaucoup d'épisodes, Stan et Kyle y vont de leur petite complainte en commençant par « J'ai appris un truc aujourd'hui... » . Des tirades franchement pertinentes, parfois complètement ironiques mais qui mettent toujours le doigt sur des thèmes jamais abordés avec autant de franchise dans les séries américaines. En tant que français, on ne comprend d'ailleurs pas toujours les situations, allusions et caricatures proposées dans South Park. Par exemple, dans la saison six, Rob Schneider, personnalité d'une grande importance médiatique aux Etats-Unis mais complètement inconnu en France est au centre de tout un épisode. Et ce n'est pas le seul exemple, on peut énumérer bien d'autres personnalités inconnues des français mais d'une grande popularité en Amérique comme Jay Leno ou Jerry Springer...

Excellente VF

South Park bénéficie aussi d'une très bonne VF, supérieure à la VO dans l'opinion de bien des fans. Dans la version originale, les personnages ont tous à peu près la même voix, extrêmement nasillarde et hystérique, qu'on dirait gonflée à l'hélium Trey Parker et Matt Stone doublent eux-mêmes les voix de la plupart des personnages de la série. L'équipe de doubleurs français est beaucoup plus nombreuse et variée. Christophe Lemoine, le doubleur de Cartman, porte avec son incroyable performance vocale le personnage à un niveau comique encore plus haut que dans sa version originale, comme l'a fait plusieurs années avant lui Philippe Peythieu, le doubleur d'Homer des Simpson.

En quelques années, South Park est devenue une série dessin animé culte, à placer au même niveau de popularité que les Simpson. On ne compte plus les répliques devenues mythiques comme « Oh mon dieu, ils ont tué Kenny », « Je vous hais les mecs » ou « Respecte mon autorité »... Est diffusée en ce moment aux Etats-Unis la saison 9. La France tient le rythme avec généralement une saison de retard et des diffusions sur Canal Plus et Comédie !.