4.5/10Crusoé - Saison 1

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/10/2009
Notre verdict : 4.5/10 - Killing Crusoé (Fiche technique)

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Robinson Crusoé serait donc le fils caché de Tarzan et Robin des Bois... Une série-nanar d'une seule saison (pour cause de bide !), ludique mais d'une bêtise vertigineuse. Sam Neill et Sean Bean jouent les guests prestigieuses.

Si vous avez lu, vu une précédente adaptation (parmi la flopée de versions, on compte un court métrage de Georges Méliès dès 1902, un film de Luis Buñuel en 1954, un plus récent avec Pierce Brosnan et une mini-série avec Pierre Richard) ou même vaguement entendu parler du bouquin de Daniel Defoe intitulé Robinson Crusoé, vous risquez la perplexité dès les premières minutes de visionnage de cette coproduction USA / Royaume-Uni / Canada / Afrique du Sud. D'ailleurs, on ne trouve pas trace du dénommé Defoe au générique : surfant sur la passion suscitée ces dernières années par la série Lost (impossible de penser à autre chose en découvrant les premiers plans de l'épisode pilote), Crusoé choisit néanmoins de s'en démarquer en optant pour le mode de l'aventure kitsch, avec une naïveté que l'on ne croyait plus possible depuis des années. Le résultat pourrait être rafraîchissant, mais à vouloir trop jouer la carte du "zéro cerveau", finit par ne présenter qu'un intérêt
"J'aperçois un scénariste à l'horizon."
très restreint.

Robinson est donc un beau jeune homme blond et musclé, échoué sur une île déserte où il doit survivre en attendant que se présente à lui le moyen de rejoindre sa famille en Angleterre. Vendredi, son colocataire, est un sauvage comme on en trouve peu au XVII° siècle : il parle douze langues (on ne sait pas trop lesquelles, ni pourquoi et comment il les a apprises, mais son anglais est parfait), manie l'arc comme personne et ne comprend pas pourquoi Robinson est le seul Blanc à ne pas le traiter comme un inférieur. Comment ça, le seul Blanc ? Il y aurait donc plus de deux personnes dans la série ? En fait de lieu désert, l'île semble être un lieu branché où se retrouvent régulièrement pirates, marins et tribus cannibales, voire même amis et famille des héros, sans parler des zigotos qui sont venus précédemment y cacher leur trésor ou se livrer à des pratiques rituelles. Sur treize épisodes, Crusoé et Vendredi ne sont totalement seuls que dans deux ! Et la réalisation s'ingénie alors à leur balancer des hallucinations qui permettent de visualiser d'autres personnes sur l'île... Le tout étant bien entendu émaillé de flash-backs (décidément, les producteurs avaient le souci de multiplier les personnages !) qui reconstituent épisode par épisode les évènements ayant mené Robinson à cette situation. On y croise régulièrement son père joué par Sean Bean (Le seigneur des anneaux), et le bad guy joué par Sam Neill (Jurassic Park). Les intentions de ce dernier ne sont dévoilées que progressivement, mais la réalisation s'ingénie à le présenter dès les premiers
"Je m'en occupe !"
épisodes comme un affreux, regard noir et musique inquiétante à l'appui ; et puis franchement, un mec qui s'appelle Blackthorne ("épine noir")...

Ce manichéisme enfantin, appliqué à l'ensemble de la série (les "gentils" et les "méchants" sont identifiables du premier coup d'œil, et il n'existe nulle zone grise), s'accompagne d'un goût pour les clichés et les invraisemblances que n'excuse pas la volonté d'être ludique à tout prix. Ainsi, Robinson et Vendredi sont des justiciers au cœur pur qui préfèrent sauver des inconnus que de saisir une occasion de quitter l'île... Ce sont des génies créatifs capables de construire des ascenseurs avec trois bouts de bois et deux grammes de morve séchée, mais infoutus de bricoler un bateau navigable... Heureusement pour eux, la nature est moins hostile que les visiteurs, et la vie au quotidien semble plutôt relax (du soleil, des fruits, des meubles et des fringues impeccables pris sur le navire échoué cinq ans auparavant).

Politiquement correcte, répétitive, truffée de poncifs, misant sur l'action non-stop avec une capacité d'autodérision quasi-nulle, la série apparaît comme un équivalent télévisé d'un nanar cinématographique (option fric). Divertissant, mais à côté de la plaque.