7/10Nip/Tuck - Saisons 1 et 2

/ Critique - écrit par Djak, le 18/03/2005
Notre verdict : 7/10 - Saison 1 (Fiche technique)

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Critique des deux premières saisons

Nip/Tuck est le nom de l'une des nouvelles séries américaines à la cote. La récente récompense pour la "meilleure série" lors des derniers Golden Globes awards ainsi que deux nominations dans les catégories "meilleur acteur" et "meilleure actrice" font de Nip/Tuck la série du moment. De plus, c'est la série la plus regardée des chaînes du câble par les 18-49 ans aux Etats-Unis tandis qu'elle passionne en France environ deux millions de téléspectateurs chaque vendredi soir sur M6.

Mais quel concept se cache derrière un tel succès et un nom aussi bizarre ?
Nip/Tuck, c'est l'histoire de deux médecins spécialisés dans la chirurgie esthétique. Ils jonglent entre leurs patients d'une clinique privée de Miami dont ils sont gérants, et leur vie privée mouvementée.
D'un côté, on a le Docteur Sean McNamara (Dylan Walsh) : marié, père de famille, de l'autre Christian Troy (
Julian McMahon) : célibataire à l'appétit sexuel insatiable, Don Juan des temps modernes.
Ryan Murphy, le créateur de la série, alterne avec un certain brio entre le travail et le quotidien des deux héros. La mise en scène est de grande qualité, très rythmée et originale. Mais c'est surtout dans le montage que l'on découvre le talent du réalisateur qui est véritablement très doué pour lier les scènes les unes aux autres. Ainsi, contrairement à de nombreuses productions télévisuelles ou cinématographiques, Ryan Murphy arrive toujours à trouver un lien, une transition entre deux scènes. L'auteur pousse parfois plus loin en créant une sorte de parallèle. Ce travail sur la mise en scène est vraiment un des points forts de la série.

Logiquement, le scénario suit et est donc lui aussi très travaillé. L'histoire se base sur deux plans :
- Dans le premier, on met en scène des opérations chirurgicales toutes plus folles, plus kitsch ou plus osées les unes que les autres. Les scènes de chirurgie sont gores à gogo (on ne nous épargne aucun détail, voire on en rajoute), les patients vont du drôle (un homme désespéré par son micro-pénis) au burlesque (une fille veut un moule de son sexe pour améliorer la poupée gonflable à son effigie) en passant par les dangereux (des trafiquants de drogues passent la cocaïne dans la poitrine de Mexicaines). Chaque épisode voit ainsi l'arrivée d'un nouveau patient avec son problème plus invraisemblable que le précédent. Certains de ces personnages reviennent même régulièrement. Si dans la première saison les producteurs ont mis l'accent sur les opérations ayant un côté "provoc" et trash, au fil des épisodes les opérations prennent un autre ton et développent des thèmes bien plus passionnants. Au hasard, Nip/Tuck n'hésite pas à traiter de sujets comme l'homosexualité, la religion, l'inceste, le viol ou encore l'adoption. Ces sujets sont en outre abordés sans aucun manichéisme et n'hésitent pas à briser des tabous. C'est par l'intermédiaire des deux héros souvent en désaccord que le débat évolue.
- D'un autre côté, on développe la vie personnelle des deux protagonistes. C'est d'ailleurs la partie la plus intéressante. En effet, les personnalités des deux héros sont très travaillées. Si dans les premiers épisodes, on nous laisse croire que Sean McNamara représente les valeurs morales de l'Amérique et le droit chemin tandis que son ami Christian n'a aucune morale et ne pense que par son sexe, c'est pour mieux nous berner ensuite. En effet, au fil des épisodes la frontière entre les deux personnages va rapidement devenir floue, à tel point que les rôles vont s'inverser. Au final, cette évolution de la personnalité des protagonistes est tout à fait cohérente et crédible. Elle permet aussi de rajouter du suspense à la série. Car les personnages très humains dans leur comportement n'en sont que plus imprévisibles.

Pourtant, la série ne doit pas son succès qu'à ses deux têtes d'affiche. La nomination de Joely Richardson dans la catégorie "meilleure actrice" est un exemple parfait. En effet, tout au long des deux premières saisons de la série on découvre une galerie de personnages secondaires récurrents. Ces personnages subissent le même traitement que les deux héros de la série, étant eux aussi très travaillés. Ce souci du détail par le réalisateur renforce une fois de plus l'aspect réaliste. Au hasard, on pourra citer les personnages de Julia McNamara, de Matt McNamara et celui de Kimber Henry. Les deux premiers, respectivement femme et fils de Sean jouent un rôle de plus en plus important dans la série. Si dans les premiers épisodes, ils servaient avant tout à donner un peu plus d'épaisseur au personnage de Sean, on peut dire qu'au fur et à mesure, ils vont s'émanciper. Dans la seconde saison, les scénaristes n'ont pas hésité à se focaliser sur des personnages secondaires pendant plusieurs épisodes. Idem pour le personnage de Kimber, ex de Christian. Si aucun épisode ne zoome particulièrement sur elle, elle apparaît en revanche très souvent dans de nombreux épisodes. On pourrait croire que ce personnage "guest star" n'aurait un rôle qu'esthétique à la vue de sa plastique. Pourtant, elle va se révéler être un personnage essentiel de la série.

Nip/Tuck est donc une série innovante qui nous change de celles habituellement bâclées et trop classiques. Comme toute bonne série qui se respecte aux Etats-Unis, on a le droit à une BO très tendance, entre rock indé, pop et RnB, mais aussi à quelques guest stars telles qu'Alec Baldwin et surtout Famke Jamsen.
Au final, il est clair que Nip/Tuck n'est pas la série du siècle et que son Golden Globes peut surprendre vu la qualité de sa première saison. Heureusement, la deuxième saison inverse rapidement la tendance. En outre, quand on voit ce que la télé française propose en matière de séries à l'heure actuelle, on ne peut que se jeter sur ce programme en attendant la diffusion prochaine de Lost et de Desperate Housewives.