7/10Skins - Saison 1

/ Critique - écrit par JC, le 01/03/2008
Notre verdict : 7/10 - On n'est pas sérieux quand on a 17 ans (Fiche technique)

Tags : saison episode skins effy episodes tony series

Malgré quelques maladresses, Skins connaît des moments de grâce qui rappellent la fulgurance juvénile de Hartley, coeurs à vif ou le sentiment de décalage d'Angela, 15 ans.

Ne nions pas l'évidence : la vie s'apparente parfois à un drôle de sac de noeuds. Mais quand on a 17 ans et le visage ravagé par l'acné, elle s'approche de l'Enfer. Surexploité à la télévision, le mal ado a donné lieu à une litanie de séries aux résultats plus ou moins heureux. La dernière tentative anglaise en date s'intitule Skins. Diffusée sur Canal+ en décembre dernier, la première saison de la série sort en DVD le 25 mars prochain. L'occasion de revenir sur ce 9x45 minutes promis « sans édulcorants ».

Les ados anglais ont le sens de la fête
Les ados anglais ont le sens de la fête
(© All3Media International 2007)
Skins nous fait entrer dans le quotidien d'une bande d'ados de Bristol âgés de 17 à 18 ans. Un groupe presque parfait qui compile tous les archétypes du genre. Tony, chef de meute manipulateur à la trogne d'ange, Michelle sa copine, Sid le puceau binoclard, Maxxie l'homo peroxydé, Jal et Anwar les minorités visibles, Cassie la fille à problèmes et Chris le junky. Tout un petit monde jonglant tant bien que mal entre une enfance déjà trop lointaine et des préoccupations d'adultes qui pointent à l'horizon.

Dès les premiers épisodes, difficile de penser qu'on puisse se trouver ailleurs qu'au Royaume-Uni. Par les looks pas possibles de certains personnages, par les teufs orgiaques capables de transformer une coquette bâtisse en capharnaüm sens dessus dessous, mais surtout par un mixte subtil de tragique et de comique. Cette alternance, qui fleure bon le cinéma social britannique, est le principal atout de Skins. Il permet de passer outre les stéréotypes du casting pour creuser les personnages en dedans. Entre se coucher dans du vomi et se réveiller un spleen sidéral dans la tête, la seconde option reste ainsi toujours privilégiée.

Et cela fonctionne en partie grâce aux acteurs de la série. Ici, pas de comédiens de 30 ans campant maladroitement des jeunes d'à peine 20 ans. Les adolescents à l'écran sont des adolescents dans la vie. Étonnements justes, ils insufflent ce qu'il faut de réel et de sincère à des histoires elles aussi écrites par un pool d'auteurs dont la moyenne d'âge atteint à peine les 25 ans. Le procédé s'accompagne cependant de quelques revers. A vouloir donner le beau rôle aux adolescents, les portraits d'adultes frisent le ridicule. Toujours incompétents, voire franchement débiles, ceux-ci jouent pour beaucoup les seconds couteaux humoristiques. C'est d'ailleurs dans ce registre que Skins peut être pris à défaut. Si certains moments révèlent un bon sens comique, la série s'enfonce parfois vers des gags dignes d'un mauvais teen movie américain, notamment lors d'un voyage scolaire en ex-URSS.

Le doux spleen de Cassie
Le doux spleen de Cassie
(© All3Media International 2007)
Mais Skins parvient à redresser la barre lorsqu'elle dévoile son côté sensible. Le portrait de Cassie, la jeune anorexique, flirte avec un doux bonheur, la maladresse de Sid fait rimer empathie et sympathie tandis que l'évolution du personnage de Tony se conclut par un choc émotionnel et physique.

La mise en scène est aussi à saluer. La caméra numérique donne à Bristol un cachet particulier qui fait comprendre pourquoi le mélancolique trip-hop est né là-bas. Certains épisodes font figure de purs trips de réalisateurs dont on retient l'épisode centré sur Chris, delirium tremens digne de Trainspotting, ou encore celui dédié à Effy, véritable hallu sur fond de drum'n'bass.

Malgré quelques maladresses et facilités scénaristiques, Skins connaît des moments de grâce qui rappellent la fulgurance juvénile de Hartley, coeurs à vif ou le sentiment de décalage d'Angela, 15 ans. Et enfin force est de s'incliner : la jeunesse anglaise a décidemment la chance de grandir avec la meilleure bande originale au monde.